Au cours des derniers mois, plusieurs membres de l’UMQ ont exprimé leur intérêt concernant l’enjeu de l’énergie ainsi que le rôle potentiel du milieu municipal dans la transition énergétique. Cet intérêt s’est d’ailleurs reflété dans la planification stratégique 2022-2026 de l’UMQ, dans laquelle l’Union s’est engagée à mettre en valeur les énergies alternatives. Ainsi, en mai dernier, dans le cadre de la Tournée du président, l’UMQ a annoncé la création d’un tout nouveau comité politique, qui aura pour mandat de se pencher sur la production d’énergie renouvelable. Le défi énergétique est multifacette, touchant autant la lutte aux changements climatiques, la fiscalité municipale et le développement économique.
Les sources d’énergies renouvelables
Il existe cinq sources d’énergies renouvelables : l’énergie hydraulique, l’énergie éolienne, l’énergie solaire, l’énergie de la biomasse (bioénergie) et l’énergie géothermique. L’énergie produite à partir de ces sources renouvelables peut être utilisée directement ou servir à développer une autre forme d’énergie. C’est le cas notamment des biogaz issus de la biométhanisation qui servent à produire de l’électricité par cogénération, du gaz de source renouvelable (GSR) par purification ou encore des biocarburants par liquéfaction. On parle du même principe pour l’électricité produite à partir d’énergie hydraulique, éolienne ou solaire, qui est utilisée pour électrolyser les molécules d’eau et ainsi créer de l’hydrogène vert.
Changements climatiques : L’enjeu des changements climatiques est indissociable de l’enjeu de l’énergie. En effet, le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables est primordial pour lutter contre les changements climatiques. Dans un contexte où la demande d’énergie est en hausse et le demeurera au cours des prochaines années, notamment en raison de l’électrification des transports, la nécessité de hausser la production d’énergie renouvelable est bien réelle. De plus, les mesures d’efficacité énergétique et l’autoconsommation d’électricité ou de chaleur dans les bâtiments municipaux réduisent les coûts d’approvisionnement en énergie en plus de positionner les municipalités comme des actrices d’influence dans la lutte aux changements climatiques.
Fiscalité municipale : Les municipalités peuvent également bénéficier de la production d’électricité via les redevances perçues lorsque des installations de production sont situées sur leur territoire. Les municipalités étant dépendantes de l’impôt foncier, cette source de revenus additionnelle peut certainement représenter une mesure incitative intéressante pour les municipalités ayant la possibilité de voir se développer des installations de production sur leur territoire. De surcroît, les municipalités peuvent être partenaires de projets de production, y participer financièrement et en retirer des bénéfices.
Développement économique : L’accès à de l’énergie à faible coût représente un important facteur attractif d’investissements. Cela est d’autant plus vrai pour les énergies renouvelables puisque les entreprises considèrent de plus en plus les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur prise de décision. À terme, les investissements supplémentaires viennent dynamiser les milieux et influencer positivement le niveau d’activité économique, le niveau de vie ainsi que le nombre d’habitants dans une municipalité ou une région. Indirectement, ces facteurs entraînent une hausse des recettes fiscales pour les municipalités.
Le gouvernement du Québec ainsi qu’Hydro-Québec, les deux acteurs gouvernementaux clés en ce qui a trait à la production d’énergie au Québec, ont chacun élaboré des plans visant à hausser la production d’énergie renouvelable au cours des prochaines années.
Gouvernement du Québec : Plusieurs objectifs en lien avec la production d’énergie renouvelable ont été établis par le gouvernement du Québec dans son Plan pour une économie verte, notamment :
50 % de réduction des émissions liées au chauffage des bâtiments en 2030.
10 % de gaz naturel renouvelable (GNR) dans le réseau en 2030.
50 % d’augmentation de la production de bioénergies d’ici 2030.
70 % de l’approvisionnement énergétique des réseaux autonomes en énergies renouvelables d’ici 2025.
Hydro-Québec : Le plan stratégique d’Hydro-Québec énonce l’objectif d’accroître sa capacité de production de 5 000 MW d’ici 2026, notamment en élaborant, avec des partenaires du milieu, un portefeuille de projets éoliens totalisant 3 000 MW. Hydro-Québec a également l’intention d’évaluer le potentiel de contribution d’autres filières renouvelables, dont le solaire et la biomasse, ainsi que des systèmes de stockage d’énergie. De plus, la société d’État entend collaborer avec le gouvernement du Québec afin d’adapter les cadres législatif, réglementaire et tarifaire au besoin de la transition énergétique.
Les municipalités peuvent être des partenaires de choix et des facilitateurs dans l’atteinte des objectifs des différents acteurs gouvernementaux. Le secteur éolien est un bon exemple. Le modèle de partage de redevances entre les producteurs privés et le milieu municipal génère des retombées appréciables pour les municipalités tout en répondant aux besoins d’approvisionnement d’Hydro-Québec. Le déploiement de parcs éoliens dans l’est du Québec a même contribué à l’établissement d’une usine de fabrication de pales d’éoliennes à Gaspé qui représente maintenant l’un des plus gros employeurs de la région.
Toutefois, la nécessité d’augmenter la résilience du réseau et l’urgence d’agir qu’engendrent les changements climatiques fait en sorte qu’il faut également s’intéresser aux autres sources d’énergie renouvelable.
Le choix d’investir dans une source plus qu’une autre dépendra tout d’abord des ressources présentes sur le territoire de chaque municipalité ou MRC. En effet, certaines régions sont reconnues pour leurs forts vents, d’autres pour leur niveau d’ensoleillement ou leurs résidus forestiers. Certains sols sont plus propices à la géothermie, plusieurs municipalités possèdent déjà des minicentrales sur leur territoire qui pourraient être remises en service, les régions densément peuplées produisent davantage de matières organiques à biométhaniser, etc. Ensuite, il sera question d’évaluer l’incidence de cette source d’énergie renouvelable sur les finances municipales (nouveaux revenus / diminution des dépenses), sur la quantité de GES évités et sur la résilience du réseau et des services municipaux essentiels. À cet effet et de façon complémentaire à la production d’énergie renouvelable, il y a donc lieu également de prendre en considération les mesures d’efficacité énergétique, la récupération thermique et le stockage d’énergie.
Les choix sont multiples et complexes. Le comité tentera donc de démystifier les options relatives afin d’identifier les sources de production d’énergie renouvelable et les actions de réduction de la consommation et de stockage d’énergie les plus prometteuses pour le milieu municipal.
Dans le cadre de cet article, l'équipe de l'UMQ s'est entretenue avec trois membres du Comité sur la production d'énergie renouvelable au sujet du rôle que les municipalités ont dans ce dossier. Pour consulter les entrevues, cliquez ici.